Par Cory Bullis, directeur des affaires publiques chez FLO
Il suffit de quelques minutes pour qu’un conducteur de VE ait une mauvaise expérience de recharge, et la moindre faille dans la fiabilité d’une borne peut causer l’arrêt de celle-ci pendant plusieurs jours. Le risque de frustrer les automobilistes est énorme.
Dans le précédent article de cette série, nous avons défini la fiabilité (calculée en taux de disponibilité) et souligné son rôle important dans l’adoption des VE. Lorsqu’ils financent des bornes de recharge, les gouvernements et autres investisseurs devraient exiger des entreprises de recharge, des services publics et des propriétaires de site la garantie d’un seuil minimum de disponibilité des bornes. Une disponibilité élevée assure aux gens (ou agit comme une sorte d’assurance) que les bornes fonctionneront quand ils en auront besoin.
De petites variations dans le taux de disponibilité entraînent de grandes différences dans la fiabilité perçue par les automobilistes. Prenez par exemple les chiffres suivants:
Leur différence de disponibilité est de 14 jours (350 heures). Lorsqu’on l’applique à un réseau de bornes de recharge (par exemple, 30 000 bornes publiques), cette différence s’élève à 420 000 jours ou 10,5 millions d’heures! Avec une baisse de disponibilité de seulement 4%, les risques d’une mauvaise expérience de recharge sont sérieux. Mettons le tout en perspective: la Californie souhaite déployer 250 000 bornes de recharge publiques d’ici 2025, et une récente analyse de sa Commission de l’énergie prévoit que l’État aura besoin de près d’un million de bornes d’ici 2030 et de 1,5 million d’ici 2035.
À ce stade de développement du marché des véhicules électriques, chaque heure de disponibilité des bornes est déterminante, et elle n’est malheureusement encadrée par aucun standard de l’industrie pour le moment. En l’absence d’une telle norme commune de disponibilité, les propriétaires de VE risquent de rencontrer des écarts considérables dans la qualité de leur expérience de recharge selon leur emplacement ou le réseau utilisé – même si de nombreux fournisseurs de services revendiquent une fiabilité élevée. Ces incohérences minent la confiance des automobilistes envers les VE, qui devraient être une solution de rechange fiable et viable aux véhicules à essence conventionnels.
Peu de gens contestent l’importance de la fiabilité: tout le monde sait qu’elle est essentielle aux automobilistes, qui peuvent ensuite appuyer les cibles d’adoption de VE des gouvernements. Toutefois, définir une norme commune comprise par chacun et à laquelle se conformer est une autre paire de manches.
Chez FLO, nous pensons qu’un taux de disponibilité de 97% est une norme raisonnable pour la recharge publique, avec 2 bornes minimum par site de recharge (redondance). Autrement dit, à ce stade du développement du marché, chaque borne publique devrait être disponible ou en utilisation 97% du temps sur une période de 12 mois. Il devrait aussi y avoir au moins deux bornes par site de recharge: si une borne est en panne, les automobilistes ont donc une autre option. Moins de risques pour eux de ne pas pouvoir recharger leur VE!
Idéalement, nous aimerions que la norme de disponibilité se rapproche encore plus de 100%, mais un temps d’arrêt nul ou presque implique un coût plus élevé. Les bornes de recharge sont des infrastructures électriques et physiques complexes qui nécessitent beaucoup d’attention et qui peuvent être endommagées advenant leur mauvaise utilisation. Atteindre une fiabilité de 100% signifie qu’une borne ne tombe jamais en panne ou que quelqu’un se trouve sur place en permanence pour résoudre les problèmes éventuels. Actuellement, il faut parvenir à un équilibre entre la garantie aux automobilistes d’un excellent service (354 jours de disponibilité par an) et la flexibilité pour les opérateurs de recharge, les investisseurs, les services publics et les propriétaires de sites.
D’après notre expérience en tant qu’un des plus grands réseaux de recharge en Amérique du Nord, atteindre une disponibilité de 97% (11 jours de panne) et prévoir une redondance sur les sites de déploiement est généralement aussi profitable aux automobilistes et plus intéressant financièrement qu’un site d’une seule borne ayant une disponibilité de 100%. Cette approche permet également aux automobilistes de disposer de plus de bornes de recharge à la fois dans des conditions de fonctionnement normales.
Cela dit, comme l’illustre notre exemple en introduction, une disponibilité de 95% (18 jours de panne) n’est pas acceptable du point de vue de l’expérience de recharge, surtout lorsqu’elle est appliquée à plusieurs sites ou à l’ensemble d’un réseau. Le risque d’une mauvaise expérience est grand, pouvant alors nuire à la confiance des automobilistes envers les VE. Beaucoup d’histoires circulent sur des bornes en panne pendant des semaines ou même des mois: voilà un niveau de fiabilité inadmissible.
Les gouvernements et les services publics devraient tenir les fournisseurs de recharge responsables du respect d’un standard de fiabilité pour toutes les bornes publiques déployées grâce à leurs fonds. C’est pourquoi une norme de fiabilité agirait comme une police d’assurance pour les automobilistes. Le déploiement de réseaux de recharge rendu possible par le financement public et les contribuables demande, à juste titre, un degré plus élevé de responsabilité dans l’intérêt du public, car ce même public mérite la garantie que son argent précieux (et limité) lui donnera accès aux avantages promis par l’industrie. Une norme de fiabilité renforce donc non seulement la confiance des gens envers les VE, mais elle permet aussi de croire que les fonds publics sont utilisés judicieusement par les gouvernements et services publics. Après tout, ceux-ci investissent des centaines de millions de dollars dans les projets de recharge à venir au cours des prochaines années. Cet aspect revêt une importance cruciale pour assurer la rentabilité des fonds fédéraux qui pourraient être investis par l’Administration Biden.
Certains scénarios causant des arrêts de service méritent une attention particulière, comme les mauvaises manipulations et le vandalisme. Ne pas les prendre en compte dans le calcul de la disponibilité pourrait involontairement décourager le déploiement de bornes dans les zones où le vandalisme est plus élevé (nous verrons dans notre prochain article comment intégrer cet enjeu).
Peu importe la norme, il faut aussi une compréhension commune de la façon de mesurer le taux de disponibilité. Ce calcul est plus complexe que les gens ne le pensent, mais tout à fait accessible et pratique. Plus vite nous établirons une norme commune, mieux ce sera pour les propriétaires de VE.
À VENIR: dans le prochain billet de la série, apprenez-en plus sur la méthodologie proposée pour calculer le taux de disponibilité, utilisable par les investisseurs et les opérateurs de recharge de VE. Découvrez aussi ce qu’ils peuvent et ne peuvent pas mesurer avec ce calcul.